Connaissez-vous Homberg ?

Non ? Mais peut-être vous connaissez Kassel, la ville où Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, a résidé entre 1807 et 1813, et où se construit aujourd'hui le super-train allemand Transrapid, ou Francfort, siège de la banque européenne. Notre ville est située entre les deux, à 38 km de Kassel et à 140 km de Francfort.   

Nos villes entre Kassel et Francfort n'ont pas de boulevards, mais beaucoup d'entre elles, surtout proche de Kassel, ont une enceinte médiévale autour, dans laquelle les habitants ont, comme à Homberg, pratiqué des fenêtres, quand elle ne servait plus à les protéger.

Il y a beaucoup de forêts chez nous, des ruines de châteaux sur les collines, des maisons à colombages dans les villages et les petits bourgs ..., un décor qui rappelle les contes de fées des frères Grimm, qui d'ailleurs ont recueilli leurs contes chez nous - Homberg se trouve sur la route allemande des contes de fées. Les Grimm avaient pour informantes des vieilles dames allemandes ... et françaises : des huguenotes, dont les ancêtres s'étaient réfugiés chez nous après la révocation de l'édit de Nantes. C'est pourquoi nous avons partiellement les même contes de fées, en Allemagne et en France. 

Homberg-sur-Efze

Homberg-sur-Efze est situé au centre de l’Allemagne dans la région de la Basse-Hesse. La commune a 15.000 habitants, dont 10.000 habitent dans la vieille ville médiévale et le reste dans vingt villages. Avec ces villages, Homberg occupe une surface presque aussi grande que Paris, 99 km². Un tiers des villages est situé dans une plaine fluviale très féconde, les autres dans la montagne du Knüll qui s’élève jusqu’à 636 mètres. 
 

Gravure de Merian de 1655 d’après une gravure de Dillich de 1605 (En 1655 le château était déjà en ruines)
  


Porte de communication entre la ville et le quartier de la « Liberté »
Homberg et ses villages étaient autrefois orientés vers l’agriculture et le commerce de ses produits tels que la laine qui avait enrichi le petit bourg pendant des siècles. Homberg fut fondé par les landgraves de Thuringe, région qui constituait à l’époque une unité avec la Hesse. Le bourg est mentionné pour la première fois en 1231. Un château construit, avant 1190 déjà, sur une colline basaltique fut le point de départ pour le développement de la ville qui s’est construite à son flanc sud-ouest. Elle était entourée, au Moyen Age, d’une très forte enceinte avec entre 6 et 8 mètres de hauteur et deux mètres d’épaisseur dont il existe encore des grandes parties. 

La production artisanale fut réglée, pendant très longtemps, par des corporations qui étaient particulièrement fortes à Homberg. Pour fuir leur pression et parce que l’espace à l’intérieur de l’enceinte ne suffisait plus pour une population croissante, un faubourg s’est construit, au Moyen Age déjà, juste à l’extérieur de l’enceinte, à proximité d’une des trois portes de la ville. Cette seconde ville, appelée « Liberté » („Freiheit“), est restée autonome jusqu’au XVIe siècle ; depuis elle est devenu un quartier de Homberg. Elle est entourée, elle aussi, d’une enceinte encore partiellement intacte aujourd’hui qui joint celle de la ville proprement dite en deux endroits, mais qui est plus faible que celle de la ville, ce qui a valu à cette ville de devenir la proie de la coalition des « Sterner » en 1372 qui ne purent pas prendre la ville de Homberg, mais qui incendièrent la Freiheit.
Homberg tient son nom – qui est d’ailleurs assez fréquent en Allemagne – de la famille de Hohenberg et de son château, il signifié « mont haut ». 


Ce n’était pas une petite demeure de chevalier brigand, comme le suggère une tour isolée qu’on a construite sur ses ruines dans les années 1950, mais un grand château. On le voit dans une gravure du XVIIe siècle. Au début de ce siècle, entre 1605 et 1613, le landgrave Moritz le dota d’un puits de 150 mètres creusé à travers le basalte qu’on vient de déblayer autour de l’an 2000 et qui est un des plus profonds d’Allemagne. Cela n’a pas pu empêcher la prise et la destruction du château pendant la Guerre de 30 Ans par les troupes impériales : il a dû capituler justement à cause d’un manque d’eau. La capitulation désastreuse est devenu depuis matière de fables. Selon la version la moins invraisemblable une servante serait tombée dans le puits et morte par la chute ( 150 mètres !); son corps décomposé aurait empoisonné l’eau. Les versions plus romanesques parlent d’une « dame blanche » que des traîtres auraient jeté dans le puits parce qu’elle voulait empêcher leur trahison. 
La Hesse était devenue protestante en 1526, et Homberg était comme un symbole de ce protestantisme, parce que le synode pendant lequel la réforme de l’église hessoise fut décidée en 1526, s’était tenu dans l’église Sainte-Marie de Homberg. « L’église Marie » comme on dit à Homberg, construite à partir de 1340, est une grande église-halle, c’est-à-dire qu’elle a trois nefs de hauteur et largeur égales qui sont réunis sous un même toit. 

Le restaurant « Krone »

Quand la guerre éclata en 1618, une des périodes les plus sombres commença pour notre région. Les landgraves de Hesse-Kassel ne purent garder la neutralité de leur pays que jusqu’en 1631. En juillet 1636 Homberg fut occupé et détruit par des troupes impériales. Le château résista, mais, comme on l’a déjà vu, après un siège il dût capituler en août. Après la reconquête par les Hessois dans la dernière année de la guerre, il n’en restait plus beaucoup.
Ce fut aussi le sort de la ville. Peu de maisons seulement sont antérieures à 1648. Parmi celles qui étaient restées debout il y a le restaurant de la Couronne („Krone“), construit en 1480. Son propriétaire catholique disposait d’une lettre de protection par le général impérial Tilly. D’ailleurs, le comité de jumelage de Homberg avait pendant longtemps l’habitude de se rassembler dans ce restaurant avant sa fermeture en 2011.

La ville eut beaucoup de peine à se redresser après la guerre. Le XVIIIe siècle fut mouvementé ( guerre de 7 ans ) et le XIXe aussi. Quand Napoléon avait conquis l’Allemagne au début du XIXe siècle il installa, en 1807, son frère cadet Jérôme à Kassel, et il lui donna comme royaume, sous le nom de « royaume de Westphalie » une très grande partie de l’Allemagne septentrionale et centrale. 
C’est à ce moment que Homberg se révolta. En 1809, conduits par un noble, Wilhelm von Dörnberg, des citoyens de Homberg et des communes voisines, mal armés et inexpérimentés, marchèrent sur Kassel et … furent dispersés par les troupes de Jérôme Bonaparte avant d’avoir atteint la ville. 
Depuis, l’histoire de Homberg a été assez analogue à celle de plusieurs centaines de petits bourgs au centre de l’Allemagne, sauf qu’en 1974 la ville devint chef-lieu d’un nouvel arrondissement qu’on venait de créer. Il porte un nom composé des noms de deux rivières, Schwalm et Eder. 
Après la Seconde Guerre Mondiale, Homberg était dans une position marginale : la rivière de Werra qui n’est pas très loin de la ville constituait sur des centaines de kilomètres la frontière interallemande, mais après 1989 

Le collège-lycée Theodor Heuss

Homberg s’est retrouvé au centre de l’Allemagne, ce qui a conduit sur le plan économique à l’implantation d’entreprises de logistique.  A part cela, Homberg est aujourd’hui plutôt une ville administrative et ville d’écoles avec un collège-lycée, un deuxième collège, une école professionnelle, une école pour les sourds-muets qui depuis peu accueille également des aveugles et toute une série d’autres écoles. Et c’est aussi une ville touristique parce qu’elle est presque entièrement en colombages et parce qu’elle a des coins très pittoresques.

Petit jardin intra-muros                                      Vue de la ville à partir des ruines du château

Texte et photos : H. Nöding

Photos de Homberg cliquez ici